Luc Thorens habite à Yvoire, au bord du lac Léman. Il a fait l’école des Arts décoratifs de Genève. En artiste complet et en passionné de jazz, il peint, sculpte, dessine et compose avec la même virtuosité, la même énergie.
Son univers
Avec cette exposition, on plonge dans son univers insolite, peuplé de fascinantes figures fantasmatiques qui se jouent des codes du film noir, avec mélancolie et drôlerie. On retrouve des caractères récurrents, des figures, des fantômes qui l’obsèdent. Le marin est celui qui symbolise le mieux la liberté, « c’est celui qui a le courage d’être libre, qui décide de se lancer sur la mer sans forcément savoir ce qu’il trouvera à l’autre bout ».
L’incommunicabilité entre les êtres, la fuite, la solitude, tous ces thèmes chers au film noir sont une source d’inspiration évidente. « J’aime l’idée de me saisir des codes qui sont propres au cinéma ». On retrouve alors des am-biances à la Jean-Pierre Melville, des grosses berlines noires qui traversent les villes, de nuit, sous la pluie, des gangsters à imperméables, des Doulos vissés sur la tête, des jazzmen langoureux et imperturbables, des femmes fa-tales à la chevelure indomptable, face au lac ou à la mer…. Sa peinture est ci-néphile, narrative. Certaines oeuvres sont composées à la façon des story-boards, truffées de symboles, de mots, d’indices et de codes à décrypter.
L’importance du support, ou la part d’inconnu
« J’attends toute la part d’inconnu, de mise en difficulté et donc de découverte liée au support ». Pour Luc Thorens, le support est fondamental. Il travaille souvent avec des matériaux de récupération : carton, papier de sac de ci-ment, médium, papier marouflé sur toile…et traque l’absence de noblesse apparente. « Lorsque je pense avoir trouvé un support suffisamment dépourvu de noblesse, alors le jeu consiste à lui découvrir cette noblesse cachée que je soupçonne. J’enquête, je formule des hypothèses, je confronte et je conclus même si le chemin parcouru est aussi important que la destination ; raison pour laquelle je ne laisse jamais complètement disparaitre ce support, comme il est plutôt coutume de faire, car il est témoin de toutes les étapes. »
La technique ou ses outils de prédilection
-De la patte de lapin au tir-ligne à cheveux, du plus grossier au plus fin
-Le stylo bille, la plume et l’encre de chine parce qu’ils ne laissent que très peu de place pour le repentir
-Le feutre « posca » parce qu’il permet les rehauts voire les recouvrements
-Le diffuseur à bouche parce qu’il est l’aéro-graphe du pauvre
-La gomme à masquer et autres caches parce qu’ils introduisent le facteur hasard…
« Le levain est une impérieuse nécessité de dessiner, peindre pour déclarer ma flamme et monter des barricades contre la frustration, comme seule réponse à cette injonction de notre époque à n’être que consommateur ! »